Linux en France : une force cachée de plus de 2 millions d'utilisateurs sur ordinateur personnel

  • 24 septembre 2025
(image CC0)

Linux en France : une force cachée de plus de 2 millions d'utilisateurs sur ordinateur personnel

Une nouvelle analyse des données de trafic web révèle une adoption massive de Linux à domicile, deux fois supérieure à celle observée en milieu professionnel. Le CNLL appelle les pouvoirs publics et les entreprises à reconnaître cette réalité.

PARIS, le 24 septembre 2025 (pour diffusion immédiate) - Une analyse approfondie, basée sur les données publiques de Cloudflare Radar, révèle pour la première fois l'ampleur de l'adoption du système d'exploitation Linux en France. Contrairement aux idées reçues qui le cantonnent à un usage de niche pour experts, l'étude estime que plus de 2,2 millions de personnes utilisent régulièrement Linux sur ordinateur personnel.

Ce chiffre démontre que Linux est non seulement une alternative crédible, mais surtout un choix délibéré et populaire pour un usage quotidien. L'étude révèle en effet que la part de marché de Linux à domicile, qui atteint 4,3% du trafic web en France, est plus de deux fois supérieure à sa part en environnement professionnel et scolaire (2,15%).

« Ces chiffres sont une claque aux préjugés ! » déclare Stefane Fermigier, co-président du CNLL et auteur de l'étude. « Ils prouvent que Linux n'est pas qu'un outil pour développeurs, mais un choix citoyen pour des millions de Français qui fuient une expérience utilisateur dégradée, faite de publicités et de surveillance, et un modèle où leur ordinateur a été retourné contre eux, où ils sont devenus le produit, pour reprendre le contrôle. Le soir, le week-end et pendant les vacances, une partie de la France "switche" vers un environnement plus sain et plus performant. »

Un Retard Français et une Marge de Progression Énorme

Cependant, cette dynamique positive en France doit être mise en perspective. Le récent Indice Européen de Résilience Numérique (EDRIX) révèle que, malgré de bonnes politiques sur le papier, la France peine à concrétiser son ambition de souveraineté. Avec une part de marché globale pour Linux sur ordinateur (3,1%) inférieure à la moyenne européenne (3,7%), la France est à la traîne de pays comme la Finlande (7,1%), l'Irlande (5,3%) ou son partenaire clé, l'Allemagne (5,2%).

Cette situation est d'autant plus critique que la fin de support de Windows 10, prévue pour octobre 2025, menace de mettre au rebut des millions d'ordinateurs parfaitement fonctionnels, un non-sens écologique et économique auquel Linux apporte une réponse directe.

« Le potentiel est immense, mais le réveil doit être brutal, » commente Stefane Fermigier, également auteur du rapport EDRIX. « Avoir 2,2 millions d'utilisateurs est une base fantastique, mais cela montre aussi que nous sous-exploitons un levier majeur de notre autonomie stratégique. L'Allemagne a compris cet enjeu et se place en tête de notre indice. La France a les talents et la volonté citoyenne ; il manque l'impulsion politique pour passer à l'échelle. »

Un choix personnel, un enjeu de souveraineté

L'analyse, qui s'appuie sur une modélisation fine des comportements en ligne, montre que l'usage de Linux explose en dehors des heures de bureau. La part de marché du système libre grimpe à 3,7% le week-end et atteint même 6% au cœur de la nuit, signe d'une communauté passionnée et techniquement avertie.

Stefane Fermigier poursuit : « Pendant des années, on nous a dit que Linux était compliqué. Ces chiffres prouvent le contraire : 2,2 millions de personnes, de tous âges et de tous horizons, l'ont choisi pour sa simplicité et sa fiabilité. Les utilisateurs ne demandent pas la lune, ils veulent simplement que leur ordinateur leur appartienne à nouveau. Le poste de travail Linux est prêt, performant et il fonctionne. Il suffit de l'adopter. »

Ce plébiscite pour un usage personnel de Linux met en lumière un paradoxe français : alors que des millions de citoyens font le choix de la maîtrise de leurs données et de leurs outils à la maison, ils sont encore trop souvent contraints d'utiliser des systèmes d'exploitation propriétaires et fermés dans leur environnement professionnel et éducatif.

« Il est temps pour les DSI et les administrations d'aligner la réalité professionnelle et éducative sur les aspirations des citoyens, » conclut Stefane Fermigier. « Il y a un vivier immense de talents et d'utilisateurs avertis qui sont prêts à accueillir des solutions ouvertes au travail et à l'école. Avec la fin de Windows 10, l'heure n'est plus aux expérimentations timides, mais à des déploiements stratégiques à grande échelle. »

Recommandations pour l'avenir

Fort de ce constat, le CNLL formule plusieurs recommandations :

  1. Pour les pouvoirs publics : Accélérer le déploiement de postes de travail sous Linux dans les administrations, comme par exemple la police nationale, et surtout dans l'éducation, où les décisions relatives aux équipements scolaires sont du ressort des collectivités. C'est un enjeu de sobriété numérique, en prolongeant la vie du matériel existant (cf. fin de vie de Windows 10), et de souveraineté, en formant les citoyens à la diversité technologique.
  2. Pour les entreprises (toutes tailles et secteurs) : Intégrer officiellement Linux dans les choix de systèmes d'exploitation proposés aux salariés (cf. "charte libre emploi" du CNLL). Reconnaître et valoriser les compétences de cette large base d'utilisateurs permettrait de renforcer la sécurité des systèmes d'information et de réduire la dépendance vis-à-vis des acteurs extra-européens.
  3. Pour le grand public : Ne plus hésiter à essayer Linux. Les distributions modernes sont simples, performantes et sécurisées. Adopter Linux, c'est faire un geste pour une informatique plus éthique, durable et respectueuse de la vie privée. Des conseils sont disponibles dans le cadre de la campagne "End of 10" que soutient le CNLL.

L'étude complète, avec ses annexes détaillant les modèles de calcul, est disponible ici.